La cabane, ce refuge
Quel enfant n’a jamais construit une cabane pour jouer, rêver, se mettre à l’écart des grands. Être au contact de la nature ?
La vie nous éloigne des cabanes. Mais tandis que l’urgence écologique et sanitaire nous oblige à inventer de nouveaux modes de vie, une musique monte : les cabanes ont la cote. Mais des cabanes d’un nouveau genre, pour adultes cette fois-ci.
Pourquoi la cabane nous séduit ?
Dans son ouvrage Cabanes, cabanons et campements, paru en 2001, le sociologue Bernard Picon nous explique que « tous les campements ou cabanes temporaires (…) présentent la particularité d’être des modèles d’adaptation humaine à la nature et aux cycles de la nature. Entre société et nature, la pratique cabanière, faite généralement de prélèvements temporaires, est un modèle de durabilité : elle exploite des ressources naturelles tout en veillant à leur renouvellement. » Tout est dit.
La cabane nous emballe parce que chacune est unique et répond à une volonté toujours plus forte de vivre dans un monde moins standardisé. Surtout, on découvre qu’il est possible de vivre en communion avec la nature sans sacrifier le confort auquel nous sommes habitués. Car depuis Robinson Crusoé la cabane a beaucoup évolué. Exit la médiocre cahute définie par le Larousse. On a su en conserver l’esprit – la vie au contact de la nature loin des sollicitations du monde moderne, de la pollution et du bruit – tout en y apportant l’art de vivre.
Un signe ne trompe pas : sur Airbnb les concepts d’écolodges, maisonnettes écologiques et autres glampings sauvages fleurissent. Lorsqu’on lit les descriptifs et commentaires clients, on réalise que plus qu’une habitation, on vient avant tout y chercher une expérience.
Au Mas en Provence, chez Jeff et Babeth, on découvre par exemple une ravissante maisonnette écologique avec terrasse panoramique dominant la vallée de l’Esteron. Matériaux naturels, toilettes sèches, électricité solaire, traitement des eaux usées par phyto épuration, piscine extérieure hors sol avec filtration fonctionnant à l’énergie solaire… Rien n’a été oublié pour offrir un séjour à la fois agréable et sobre pour la planète. Et les avis sont dithyrambiques, à l’image de celui de Bruno : « Endroit merveilleux, loin du bruit et de l’agitation. Un bain de nature, de beauté et de sérénité. Une urgence absolue pour les personnes désireuses de renouer ou de découvrir une vie beaucoup plus écologique (…) avec tout le confort nécessaire. »
L’engouement est tel qu’on songe même à construire une cabane chez soi. L’essor des « tiny house » aux Etats-Unis est révélateur de la tendance, bien qu’il soit davantage associé à l’expérience de la décroissance. Dans un pays où le gigantisme et l’hyperconsommation font loi, le phénomène est loin d’être anecdotique. Il traduit bien une volonté de consommer et plus largement de vivre autrement, davantage en connexion avec l’environnement.
Cabane = quête du plaisir ?
De l’aveu des utilisateurs, la cabane procure avant tout du plaisir. Celui de se déconnecter réellement, de valoriser ce qu’on a de plus précieux : le temps. Un temps de qualité. « Qu’elle soit pièce à vivre, bureau ou salon de jardin, la cabane est toujours perçue et vécue comme un refuge, un écrin de calme. À notre époque sur-connectée, c’est une nouvelle philosophie de vie qu’on vient y chercher » estime Nelson Wilmotte, fondateur de COPACABANON.
Avec ses cabanes à vivre intégralement fabriquées dans le Jura, le jeune architecte-entrepreneur voit dans la cabane l’habitat du futur. « À condition d’y associer qualité, confort et design » précise-t-il.
S’il faut inventer une nouvelle façon de vivre à l’aune du coronavirus, on y glisserait volontiers une cabane en bois.